III. Conditions économiques

email Facebook Twitter
Màj : 27 juil. 2024   –   # pages : 11

Contrôle démocratique des moyens de production

https://democratiedirecte.net/conditions#controle-moyens-production
usines.gif

Le contrôle du pouvoir politique (c-à-d de décider) et le contrôle du pouvoir économique (c-à-d de produire) sont intriqués. Cela est vrai aussi bien au niveau d'un État qu'au niveau individuel.

Les leçons de l'histoire doivent attirer notre attention sur ce fait très important que la meilleure des Constitutions n'est pas de grande utilité – si ce n'est pour la classe dirigeante – si son application effective peut être neutralisée, par cette même classe, grâce au contrôle qu'elle exerce sur les moyens de production des biens & services essentiels : banques, médias, universités, télécommunications, énergie, alimentation, distribution,  etc.

Voici deux exemples illustrant la nécéssité d'un contrôle démocratique des moyens de production des biens/services collectifs :

  • le chantage au risque systémique bancaire, le covidisme, ou encore le climatisme sont trois exemples illustrant l'étrange propension des décideurs politiques à la suréaction par rapport à des risques futures, présentés systématiquement de façon catastrophique, "justifiant" ainsi des transferts massifs de fonds publics vers des grandes entreprises privées des secteurs concernés. Or il apparaît que les trois secteurs économiques où l'on observe le plus de condamnations judiciaires, notamment pour corruption, sont dans l'ordre : 1. finance ; 2. pharmacie ; 3. énergie ... [source].

  • en l'absence de contrôle démocratique des grandes entreprises de presse ainsi que de matériel & logiciels de télécommunication, leurs propriétaires peuvent influencer le résultat d'une votation, durant la période pré-votation (par de la propagande négative/positive), ou au niveau du traitement informatique des votes (d'où l'importance du principe "open source", au niveau des logiciels comme du matériel). Ainsi même si le caractère systémique de la corruption est flagrante, le système politique en place peut empêcher toute réforme véritable via les élections.

Dans la section suivante, nous allons étudier le cas de trois secteurs connexes, extrêmement importants car ils nourrissent et façonnent le processus cognitif des individus.

Étude de cas : information, science & enseignement

https://democratiedirecte.net/conditions#information-science-enseignement

Une condition nécessaire de la démocratie directe est le contrôle démocratique des moyens de production de l'information (presse et télécommunication) et du savoir (enseignement et recherche), aux niveaux "contenu" et "contenant". Dans la présente section, nous allons illustrer la nécessité d'un contrôle démocratique des contenus, et proposer pour ce faire des voies individuelles ou collectives.

 1. Information
 2. Science
 3. Enseignement

Information

https://democratiedirecte.net/conditions#information

Nous résumerons la problématique actuelle de "l'information" en sept points :

  1. il importe de (i) considérer l'information au sens large, c-à-d englobant : presse, JT, documentaires, livres, films/séries, jeux vidéos ; (ii) ne pas sous-estimer la part de messages idéologiques (propagande commerciale ou politique) dans chacune de ces composantes ;

  2. la concurrence faite aux entreprises "d'information" par ce médium ouvert qu'est Internet conduit les premières à préserver leur "parts de marché" par toujours plus de catastrophisme ("les trains qui arrivent à l'heure", ça ne stimule pas leur chiffre d'affaire) ;

  3. immédiateté & focalisation données mal voire pas vérifiées, et perte de "vue aérienne" d'une situation toujours bien plus complexe que le suggère la focalisation (tête dans le guidon "informationnel") ;

  4. probablement, 1/3 de l'information propagée par les médias "d'information" est vraie, 1/3 est fausse par erreur, 1/3 est fausse intentionnellement (propagande politique ou économique) ⇒ deux tiers des "infos" seraient fausses ;

  5. il n'est pas toujours possible de distinguer le vrai du faux ;

  6. en raison du point précédent, le "vrai & vérifiable" peut être exploité pour rendre crédible le "faux & invérifiable" (effet de "faire valoir") ;

  7. même lorsqu'il est possible de distinguer le vrai du faux, nous restons sensibles à l'effet de vérité illusoire, par lequel la répétition d’une information (éventuellement fausse) nous amène à la considérer comme vraie, malgré qu'aucun élément probant et vérifiable n'a été apporté. Soulignons à cet égard que le temps moyen passé devant les écrans TV/console/smartphone dépasse les quatre heures par jour, soit un tiers du temps disponible hors sommeil ! [source].

Médias vs réseaux sociaux : qui dit la vérité (1 min. - 2020)

Analyse statistique des causes de décès. Observez, pour chaque colonne (source) les trois tranches inférieures du graphique : terrorisme (rouge), homicides (gris foncé), suicides (bleu clair). Colonne 1 : la réalité (3% pour les trois causes de décès), colonne 2 : Google (25%), colonnes 3 et 4 : New York Time et The Guardian (70% !).

Propositions. Après avoir réalisé que l'addiction numérique (aux écrans et à "l'information") est très fortement chronophage, et inhibe gravement les capacités cognitives ainsi que la sociabilité [source], j'ai (dès le début des années 2000) adapté mon mode de vie informationnel comme suit :

  • abandon de la télévision ;
  • substitution de la lecture de publications scientifiques à la lecture de romans ;
  • libération de mon ordinateur, et non passage du gsm au smartphone.

Il est intéressant de noter, au niveau symbolique, que la nuisibilité informationnelle est liée à l'extrémisme de la taille du médium : petits (smartphone) et grands (TV) écrans, vs écrans de taille moyenne (ordinateur portable). Ainsi les écrans de tailles extrêmes sont essentiellement des interfaces de consommation, tandis que les ordinateurs (écrans moyens) sont plutôt des interfaces de production.

Science

https://democratiedirecte.net/conditions#science

Comment se fait-il que le milieu scientifique bénéficie d'une manifeste aura d'indépendance, alors que les autorités scientifiques sont, de façon flagrante, soumises à la puissance économique des lobbies industriels et à la puissance politique et judiciaire des gouvernements ?

Pour illustrer cette situation, on soulignera la grave régression de la méthode scientifique, consistant à élever la notion de "consensus" au statut de critère "scientifique" (ce qu'il n'est pas !), évinçant ainsi le principe fondamental de la méthode scientifique qu'est le débat contradictoire permanent, pouvant éventuellement conduire à la révision d'une thèse jadis consensuelle (notion de "révisionnisme scientifique").

Qu'il s'agisse de la covid-19, du réchauffement climatique ou encore des crimes de guerre commis en 1940-45, dans chaque cas, le supposé "consensus scientifique" est concomitant avec l'intimidation voire la répression des voix contredisant les versions officielles. Dans le cas des crimes de guerre commis en 1940-45, le révisionnisme historique a même été criminalisé par des lois dites "mémorielles", alors que c'est pourtant une constante avérée de l'histoire que celle des guerres est écrite par les vainqueurs, en diabolisant les vaincus et en minimisant les crimes commis par les vainqueurs.

Pour combattre à mon modeste niveau le consensus par intimidation, j'ai adopté un mode de vie minimaliste, afin de minimiser mon besoin d'argent minimiser le temps de travail non libre maximiser le temps disponible pour le travail libre. Je maximise ainsi ma liberté de pensée et d'expression :

  • au niveau du contenu, en ne possédant ni TV ni smartphone, ce qui me protège du conditionnement médiatique, et me donne plus de temps pour la lecture de publications scientifiques ;

  • au niveau du contenant, en améliorant sans cesse ma maîtrise des technologies de l'information, afin de publier librement sur mes propres sites web.

Enseignement

https://democratiedirecte.net/conditions#enseignement

Depuis la seconde guerre mondiale, les systèmes d'enseignement obligatoire ont fait l'objet de multiples réformes, dont les effets furent loin d'être satisfaisants. Notre thèse est que ces échecs étaient programmés par le fait que la nature obligatoire de l'enseignement n'était jamais remise en question.

Le caractère obligatoire de l'enseignement n'est pas sans effets sur le profil psychique de la plupart des individus, après qu'ils aient consacré une partie considérable de leur temps de jeunesse à des programmes conçus par une classe dirigeantes, soucieuse de former des travailleurs dociles. C'est ce qu'exprime le chanteur Renaud dans "Étudiant Poil Aux Dents" (1981).

"Étudiant Poil Aux Dents" (Renaud Séchan, 4m26s)

Paroles

À supposer qu'il existe des arguments pertinents en faveur du caractère obligatoire de l'enseignement, celui-ci devrait alors ne couvrir que des matières dont il est sûr et certain que l'individu en aura besoin durant sa vie. Le tableau suivant propose des exemples de matières qui répondent (colonne de gauche) ou non (colonne de droite) à ce critère.

Certainement nécessairesPotentiellement (*) nécessaires
Hygiène de vie : art culinaire et diététique, techniques de gym du matin, ...Calcul de réactions chimiques.
jazz : solfège, harmonie, improvisation, ensemble.Langues anciennes.
Logiciel libre : remplacer son système d'exploitation par Linux Debian, utilisation avancée de Linux Debian.Calcul d'intégrales.
Utilisation d'un tableur pour la gestion de la comptabilité familiale.Cours de religion/morale.

(*) Ou douteusement.

Propositions. Les mesures suivantes peuvent être regroupées en deux volets : liberté et individualisation :

  1. liberté :
    • suppression de l'enseignement obligatoire, liberté de créer sa propre entreprise dès l'âge de douze ans ;

    • allocation universelle : facilite notamment l'enseignement parental, la formation à rythme personnalisé, les changements professionnels, la création de petites entreprises.

  2. individualisation :
    • à la carte : l'État pourrait proposer une grande quantité de formations ciblées sur des applications concrètes (produits ou services), utiles non pas pour des employeurs mais pour la gestion d'une petite entreprise familiale ;

    • à rythme personnalisé : chacun à son rythme pas d'échéance déterminée de la formation (NB : cela est déjà possible avec les formations automatisées en ligne).

Les cas des formations en ligne illustre parfaitement la problématique. Ainsi le marché des MOOC est presque exclusivement composé d'entreprises privées proposant des formations : (i) onéreuses, et (ii) conçues essentiellement pour former des salariés de grandes entreprises. L'État devrait investir massivement dans ce secteur, en créant des entreprises publiques de formation en ligne (i) à bas prix, et (ii) conçues essentiellement pour former des indépendants.

Macro : économie mixte

https://democratiedirecte.net/conditions#economie-mixte
economie-mixte.jpg

Qu'il s'agisse de la diffusion d'informations indépendantes et sourcées, ou encore de la production de logiciels et matériels open source, force est de constater que le secteur privé ne répond pas de façon satisfaisante à la demande. Il importe donc de créer des entreprises (véritablement) publiques, dans chaque secteur économique essentiel, afin de stimuler la concurrence, en complétant l'offre privée par une offre publique, conçue dans une logique d'intérêt collectif.

Ainsi, pour garantir le contrôle démocratique des moyens de production des biens & services essentiels, il importe (i) que l'État garantisse la mixité économique, c-à-d un équilibre optimal entre entreprises privées et publiques, et (ii) que les entreprises publiques soient sous contrôle démocratique.

Dans le chapitre /entreprise-publique, nous avons énoncé les conditions nécessaires à l'application de ces deux principes :

  • la clé de proportionnalité entre entreprises privées et publiques est fondée sur la taille :
    • petites entreprises : privées ;
    • grandes entreprises : dans chaque secteur essentiel pour la société, il importe que les grandes entreprises privées soient concurrencées par des entreprises (100 %) publiques.

  • les entreprises publiques sont :
    • créées :
      • ex-nihilo, par référendum automatique ;

      • ou encore par nationalisation (à valider par référendum automatique) de grandes entreprises privées ne vérifiant plus les critères d'efficience publique (pollution, abus de position dominante, corruption,...).

    • gérées de façon décentralisée, et à deux niveaux :

      • au niveau local, sous statut (à créer) de coopératives publiques ;
      • au niveau national, via un système de référendum automatique : les entreprises publiques sont soumises à des critères d'efficience publique (dont la rentabilité publique) inscrits dans des contrats intelligents, et lorsque les critères ne sont plus respectés, le contrat déclenche une procédure de référendum automatique pour la fermeture ou non de l'entreprise.

        • On obtient ainsi un arbitrage efficace entre indépendance et contrôle des dirigeants de l'entreprise publique (en l'occurrence les coopérateurs), par ses actionnaires (en l'occurrence les contribuables).

        • Les entreprises publiques d'un même secteur sont donc en concurrence, non seulement avec les grandes entreprises privées mais également entre elles.
  • le statut d'agent du service public n'est pas garanti à vie : un agent inefficace ou devenu inutile doit pouvoir être licencié. D'autre part, le système de sécurité sociale est réformé sur base de l'allocation universelle du modèle synthétique .

Micro : minimalisme et travail libre

https://democratiedirecte.net/conditions#travail-libre

Au niveau individuel, le développement – par la pratique et l'auto-formation continue – de nos compétences de libres producteurs de biens & services est une condition nécessaire à la réalisation de la DD. Or nous avons montré que cette condition passera de plus en plus par la maîtrise individuelle des technologies informatiques, à des fins de production. En effet, l'informatique est devenue un élément constitutif d'un nombre croissant de biens & services de production, comme de consommation. Elle constitue même un lien fondamental entre le monde des idées et celui des objets, c-à-d entre la pensée et l'action (cf. ./analphabetisme-informatique).

Auto-formation : linux-debian.net/citoyennete-numerique

Pour ce faire, il suffit d'adopter un mode de vie minimaliste (sobriété) – intégré dans un projet de vie adapté – afin de minimiser notre temps de travail non-libre, et ainsi dégager du temps disponible pour le travail libre (dont la formation permanente, qui accompagne et dynamise nos activités).

Une des plus fondamentales sources de bonheur réside dans la production libre – et certainement pas la consommation récréative –, et d'autant plus que ce travail productif est utile à autrui, et nous donne l'occasion d'améliorer sans cesse nos savoirs-faire altruistes.

L'allocation universelle, ainsi qu'une profonde réforme du programme de l'enseignement obligatoire (cf. supra #enseignement), pourraient stimuler cette évolution culturelle vers le minimalisme matériel.

Pour approfondir sur les notions de travail libre et de mode de vie minimaliste, voir les vidéos 4 et 5 de notre série consacrée au partage des pouvoirs politique et financier : jortay.net/serie-video.

Facteur vs moyen de production

https://democratiedirecte.net/conditions#facteur-moyen-production
capital-vs-travail.gif

Pour aider le lecteur à pleinement appréhender les notions que nous venons d'évoquer, il est utile de dissiper la confusion – largement entretenue par les manuels d'économie – entre travail (L) et capital (K), tous deux décrits comme "facteurs de production" :

Q = F( L , K ) où Q est le PIB, et F() la fonction de production.

Nous qualifions cette conception de "horizontale" car elle situe les humains et le capital au même niveau logique (ainsi il existe un "marché du travail" au même titre qu'il existe un "marché du capital"). Or cette analogie sémantique est biaisée et incomplète, car seuls les humains sont des facteurs c-à-d des agents de production, tandis que le capital n'est qu'un moyen c-à-d un objet de production. Le premier utilise le second, tandis que l'inverse n'est pas vrai ! C'est donc cette distinction "verticale" qui est pertinente.

La sémantique horizontale se retrouve même dans le vocabulaire juridique, qui distingue personne physique (un humain) et personne morale (une organisation, c-à-d une forme de capital). On notera que cette comparaison peut être interprétée aussi bien comme "personnalisation" du capital que comme "chosification" des humains.

Ce phénomène est flagrant dans le fait que le capital se voit complété d'un "capital immatériel", qui est en fait essentiellement la composante psychique/intellectuelle du travail, lequel se voit ainsi réduit effectivement à du bétail humain :

  • capital matériel :
    • naturel : eau, air, terre, biodiversité, océans ;
    • artificiel : infrastructures, bâtiments, machines, logiciels & data (bits).
  • capital immatériel :
    • humain : santé, éducation ;
    • social : confiance du public, institutions fortes, cohésion sociale.

La monnaie – le capital financier – est un bien particulier (de type logiciel & data) car elle sert notamment de moyen d'échange de tous les autres biens & services [approfondir]. Elle existe – pour une part aujourd'hui majoritaire (et croissante) – sous forme électronique (bits), de sorte qu'elle peut être créée à un coût quasiment nul (... mais cause de l'inflation si la monnaie supplémentaire finance plus de consommation que d'investissements dans des capacités de production).

Théorie "agent-objet de production"
Facteurs de production = Agents

  • Par leur travail physique et intellectuel – et à partir des ressources naturellesles humains produisent des biens & services :
    • de production ou de consommation (sphère réelle) ;
    • d'allocation de ceux-ci entre les individus (sphère financière).

    Justice et solidarité : les ressources naturelles ne devraient-elles pas être également partagées entre les humains ?

Biens & services = Objets (physiques ou virtuels)
  1. de production (capital non-financier) :

    • ressources naturelles : minérales et organiques ;
    • bâtiments, machines, logiciels, bases de données, ...
    • capital intangible (essentiellement incorporé dans les humains : éducation, santé, R&D).
  2. de consommation.
Sphère
réelle
  1. d'allocation des biens/services de la sphère réelle (capital financier) :

    • titres de propriété potentielle (droits d'achat) sur les moyens de production et les biens/services de consommation : monnaie et produits fin. dérivés ;
    • titres de propriété effective sur :
      • de la monnaie : obligations et produits fin. dérivés ;
      • des moyens de production : actions et produits fin. dérivés.
Sphère
financière

Cette fonction de production, déterminée par le travail et le capital, est le fondement conceptuel de mes travaux sur l'allocation universelle, qui sont eux-même la face d'une pièce, dont l'autre face est la démocratie directe.

Pour approfondir, voir le chapitre "XI. Production"

democratiedirecte.net
menu.jpg

Auteur : F. Jortay   |   Contact :   |   Suivre : infolettre

top-of-page.png