Par "DD blanche" nous entendons « tout système de DD ne reposant ni sur le vote par Internet ni sur la délégation de vote à une intelligence artificielle ». La DD blanche ne rejette donc pas les échanges d'email ou encore l'utilisation de tableurs. Il s'agit d'une alternative à la "DD noire", qui elle ne rejette aucune technologie informatique ou autre.
Le terme "DD non-informatique" est donc abusif pour décrire la notion de "DD blanche", mais il peut être utile pour l'introduire, et préciser ensuite la définition rigoureuse ci-dessus.
Le communalisme, ou municipalisme libertaire, propose ainsi de prendre la commune comme unité politique principale, plutôt que l’État-nation. Sixtine Van Outryve définit la DD communaliste comme « l’exercice direct de tous les aspects du pouvoir public concernant la communauté dans son ensemble par le peuple continuellement assemblé en face-à-face au niveau municipal et, lorsque le peuple ne peut plus être assemblé physiquement, la représentation directe de la décision de l’assemblée populaire municipale par des délégués et déléguées dotées de mandats révocables, impératifs et rotatifs &» [source].
Il est également fait « distinction entre la prise de décision politique qui doit être l’apanage de l’assemblée populaire réunissant tous les individus résidant dans la municipalité, et l’administration de ces décisions, à savoir leur coordination et leur exécution, qui est laissée à des délégués et déléguées ayant des mandats révocables et impératifs » [source]
On peut voir la notions de communs comme le pendant économique de la notion politique de commune. Initialement théorisé par Elinor Ostrom, Prix Nobel 2009, « et pratiqué partout dans le monde, le paradigme des communs constitue une manière de gouverner collectivement et démocratiquement des ressources, activités et institutions, qu’elles soient naturelles, économiques, sociales, culturelles ou informationnelles, au travers d’une logique qui ne relève ni de la propriété privée et de la logique du marché, ni la propriété publique et de la logique bureaucratique, mais du paradigme du "commoning" défini comme l’ensemble des pratiques et la capacité humaine à l’auto-organisation et au partage collectif en vue d’assurer la satisfaction des besoins » [source].
« Une problématique majeure est ici d’articuler les intérêts des usagers et usagères – centrés sur la qualité et le prix des produits – avec ceux des travailleurs et travailleuses – axés sur l’organisation de la production » [source]. Alors que la sphère de la consommation est géographiquement identifiable avec la commune, c'est moins le cas de la sphère de production (les communs).
On peut distinguer deux approches d'implémentation de la DD blanche (possiblement complémentaires) :
approche directe : par exemple, chaque quartier/village pourrait disposer d'un bureau de votation permanent, ce qui permettrait de procéder en permanence à des référendums (PS : la fréquence élevée des votations implique que le vote ne peut être obligatoire).
On notera une grande similitude de fonctionnement entre bureaux de poste et bureaux de votation : dans les deux cas il s'agit de collecter des données (lettres / votes), puis de les concentrer pour les traiter (dispatching / calcul), et enfin de les redistribuer (individuellement / publication). Rappelons à cet égard que (i) le système postal est déjà utilisé pour le vote par correspondance, et (ii) les Suisses peuvent voter par Internet sans que cela requière l'utilisation d'une identité électronique (qui n'existe pas encore dans ce pays) [source].
À proposer par les groupes constituants : tirage dans l'ensemble de la population ou uniquement parmi les citoyens qui en ont fait la demande ?
ces représentants sont mobilisés pendant x semaines : x/2 semaines en observateur (formation au contenu des dossiers et au mode de délibération), directement suivies de x/2 semaines effectives ;
la valeur de x (à déterminer par les groupes constituants) devrait être la plus basse possible, puisqu'il s'agit de maximiser le partage du pouvoir politique.
Complémentarité. Ces deux approches pourraient être combinées, ou plutôt réparties selon les thématique et/ou types de pouvoir constitutionnel (législatif, exécutif et judiciaire). Il reste aux groupes constituants notamment à proposer dans quels cas l'une ou l'autre approche devrait être appliquée.
La notion de coopérative publique locale – c-à-d de moins de 150 employés, ceux-ci résidant dans la même localité – constitue véritablement l'expression locale de la DD. Ces coopératives publiques sont des lieux idéaux pour concevoir et développer des systèmes de DD blanche. Le tableau suivante présente la sélection des groupes constituants pouvant être amenés à concevoir et développer des méthodes de DD blanche dans les coopératives publiques :
Auteur : F. Jortay | Contact : | Suivre : infolettre