Dans l'état actuel de mes recherches, je ne puis affirmer avec certitude que la démocratie directe (DD) est faisable, ni même souhaitable. Cependant, il est évident que cette voie est très prometteuse, ne serait-ce que parce que mener une réflexion approfondie sur la façon de réaliser le partage du pouvoir politique, et sur ce que cette réalisation impliquerait, est une méthode très efficace pour comprendre et améliorer les systèmes politiques, quels qu'ils soient. En l'occurrence, il s'agit de proposer un référentiel idéalisé, fondé sur une définition radicale/ambitieuse de la DD.
Dans les sections suivantes de cette introduction, je vais tenter de présenter les grandes lignes de la problématique de la DD, et de mes propositions dans ce domaine.
La société humaine évolue toujours plus vite, et se complexifie. Aujourd'hui l'état des technologies n'est plus constant à l'échelle temporelle d'une vie humaine, ni assimilable individuellement dans sa globalité. Le système représentatif, conçu au 18° siècle, n'est plus adapté à ce nouvel environnement. Le mode de gouvernance des États – mais aussi des organisations privées (entreprises, syndicats, ONG, , ...) – doit par conséquent se transformer en un système adaptatif.
D'autre part, le progrès des technologies de l'information (notamment Internet) rend possible la décentralisation et désintermédiation des processus politiques (et d'apprentissage). C'est cela la véritable participation.
Proaction. Il est peu probable que les classes dirigeantes nationales céderont volontairement leur pouvoir : il faut donc le leur prendre, par l'efficacité de notre organisation. Pour ce faire, la présente publication repose sur (i) une définition pragmatique des trois principes de base d'un système gouvernemental de démocratie directe, et (ii) une méthodologie pour concevoir et implémenter collectivement ce système de cogestion.
Ce n'est qu'après avoir développé collectivement un système de gestion collective – et ayant ainsi posé les fondements d'une culture (praxis) de la démocratie directe (apprentissage par la pratique) – qu'il sera alors possible de faire fonctionner efficacement les deux piliers institutionnels d'une véritable démocratie, à savoir :
au niveau local les coopératives publiques, via lesquelles est opéré le contrôle démocratique des moyens de production stratégiques (dont la presse et les réseaux sociaux, ou encore la production de matériel informatique) ;
au niveau global une Confédération mondiale des États-nations, notamment chargée de coordonner le développement économique international, tout en préservant la souveraineté des États, et ainsi la diversité culturelle sans laquelle la résilience du système global serait considérablement amoindrie.
Notons enfin une particularité importante de la méthodologie proposée : elle met en concurrence deux implémentations du système de DD : l'une sans vote électronique ni intelligence artificielle (implémentation "blanche") [1], et l'autre avec vote par Internet et IA (implémentation "noire") [2]. L'intérêt d'envisager les deux types d'implémentation – concurrentes ... ou complémentaires – est de prendre en compte le risque technologique ainsi que les abus du technologisme, tout en ne fermant pas la porte aux potentialités du progrès scientifique.
Ce projet de grande ampleur, qui selon nos estimations pourrait être réalisé en cinq à dix ans, s'adresse aussi bien à des individus qu'à des organisations publiques ou privées :
[1] Par exemple chaque quartier/village pourrait disposer d'un bureau de votation permanent, ce qui permettrait de procéder en permanence à des référendums. On notera une grande similitude de fonctionnement entre bureaux de poste et bureaux de votation : dans les deux cas il s'agit de collecter des données (lettres - votes), puis de les concentrer pour les traiter (dispatching - calcul), et enfin de les redistribuer (individuellement - publication). Enfin le réseau postal est déjà utilisé pour le vote par correspondance.
[2] Depuis 2005 les Estoniens ont la possibilité de voter via Internet, en s'identifiant au moyen de leur carte d'identité électronique. Le taux de vote via Internet est passé de 9% en 2005 à 32% en 2017 [source].
0 commentaires.
Publier un commentaire
Une publication de François Jortay