La société humaine évolue toujours plus vite, et se complexifie. Aujourd'hui l'état des technologies n'est plus constant à l'échelle temporelle d'une vie humaine, ni assimilable individuellement dans sa globalité. Le système représentatif, conçu au 18° siècle, n'est plus adapté à ce nouvel environnement. Le mode de gouvernance des États – mais aussi des organisations privées (entreprises, syndicats, ONG, , ...) – doit par conséquent se transformer en un système adaptatif.
D'autre part, le progrès des technologies de l'information (notamment Internet) rend possible la décentralisation et désintermédiation des processus politiques (et d'apprentissage). C'est cela la véritable participation.
Il est peu probable que les classes dirigeantes nationales céderont volontairement leur pouvoir : il faut donc le leur prendre, par l'efficacité de notre organisation. Pour ce faire, la présente publication repose sur (i) une définition pragmatique des trois principes de base d'un système gouvernemental de démocratie directe, et (ii) une méthodologie pour concevoir et implémenter collectivement ce système de cogestion.
Ce n'est qu'après avoir développé collectivement un système de gestion collective – et ayant ainsi posé les fondements d'une culture (praxis) de la démocratie directe (apprentissage par la pratique) – qu'il sera alors possible de faire fonctionner efficacement les deux piliers institutionnels d'une véritable démocratie, à savoir :
L'évolution des modes de production vers plus de robotisation implique la transformation de la sécurité sociale vers la l'allocation universelle. En effet, le progrès scientifique a toujours eu pour effet (d'amplitude croissante...) de rendre obsolètes certains types de travail, tout en en créant de nouveaux. Cependant, étant donné qu'il est très difficile de se reconvertir professionnellement sans perte importante de revenu, il importe d'avoir un système de sécurité sociale, pour neutraliser les effets pervers des transitions technologiques sur les personnes déclassées.
Avant l'intelligence artificielle, les révolutions technologiques ne réduisaient pas la création nette l'emploi, dans la mesure où elles substituaient du travail intellectuel à du travail manuel. Avec l'IA, cet effet de compensation n'existe plus puisque même le travail intellectuel est devenu robotisable. En outre, et abstraction faite de ces phénomènes, les travailleurs déclassés ne sont généralement pas les mêmes que ceux (généralement plus jeunes) qui trouvent du travail dans les nouvelles technologies, de sorte qu'un système de sécurité sociale a toujours été nécessaire pour adoucir les transitions technologiques.
Avec l'allocation universelle du modèle synthétique – c-à-d permettant de vivre (chichement) sans devoir travailler – c'est l'ensemble des citoyens qui peuvent réduire leur temps de travail économique, et le convertir partiellement en temps de travail politique (gestion collective). C'est l'avènement de l'intelligence collective.
Notons enfin une particularité importante de la méthodologie proposée : elle met en concurrence deux implémentations du système de DD : l'une sans vote électronique ni intelligence artificielle (implémentation "blanche") [1], et l'autre avec vote par Internet et IA (implémentation "noire") [2]. L'intérêt d'envisager les deux types d'implémentation – concurrentes ... ou complémentaires – est de prendre en compte le risque technologique ainsi que les abus du technologisme, tout en ne fermant pas la porte aux potentialités du progrès scientifique.
Ce projet de grande ampleur, qui selon nos estimations pourrait être réalisé en cinq à dix ans, s'adresse aussi bien à des individus qu'à des organisations publiques ou privées :
[1] Par exemple chaque quartier/village pourrait disposer d'un bureau de votation permanent, ce qui permettrait de procéder en permanence à des référendums. On notera une grande similitude de fonctionnement entre bureaux de poste et bureaux de votation : dans les deux cas il s'agit de collecter des données (lettres - votes), puis de les concentrer pour les traiter (dispatching - calcul), et enfin de les redistribuer (individuellement - publication). Enfin le réseau postal est déjà utilisé pour le vote par correspondance.
[2] Depuis 2005 les Estoniens ont la possibilité de voter via Internet, en s'identifiant au moyen de leur carte d'identité électronique. Le taux de vote via Internet est passé de 9% en 2005 à 32% en 2017 [source].
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Une publication de François Jortay