Ce chapitre présente en détail une méthodologie visant à intégrer efficacement et de façon spontanée (auto-organisée) le travail d'un millier de groupes constituants, dont la mission est de concevoir et développer collectivement le système de démocratie directe dont les principes de base sont énoncés dans le chapitre /definition.
Cette méthodologie – appelée ICAO car elle vise à activer les phénomènes d'intelligence collective (IC) et d'auto-organisation (AO) – n'est pas d'un accès facile (c'est le prix de son potentiel d'efficacité), de sorte qu'il convient de la lire deux fois pour en saisir intuitivement les principes.
La méthodologie ICAO est fondée sur quatre notions majeures : tableur, rapports, découpage, intégration.
Le noyau de cette méthodologie – son "centre nerveux" – est le tableur suivant, qui permet d'identifier chaque groupe constituant par un numéro, auquel correspond :
Les groupes constituants sont numérotés dans le tableur dans le sens de la lecture (de gauche à droite et de haut en bas), soit de 1 en cellule F3 à 1000 en cellule J202.
Ainsi pour le groupe 102 (cellule G23) :
Dès qu'un groupe est constitué, un lien est collé sur son numéro dans le tableur. En CTRL-cliquant sur ce lien on accède au site web du groupe, où celui-ci publie, et met à jour en temps réel, ses deux rapports (qui sont ainsi accessibles à tous les autres groupes) :
Ainsi le rapport aval du groupe 101 (cellule F23) constitue le cahier des charges (l'input) destiné au groupe 102, et le rapport amont du groupe 101 contient les éventuels commentaires concernant le rapport aval du groupe 100 (cellule J22). Cet exemple illustre les deux niveaux de rétroaction : (1) entre deux phases successives d'une ligne de la partie droite du tableur ; (2) lorsque un nouveau cycle de phase recommence (même ligne).
Chaque groupe correspondant à l'intersection entre un domaine du système (une des 200 lignes décrites dans la partie gauche du tableur) et une phase du projet (une des 5 colonnes dans la partie droite du tableur), la charge de travail est ainsi répartie en 200 x 5 = 1.000 groupes constituants spécialisés, chacun correspondant à un sous-projet :
Au moyen du tableur, une dynamique d'intégration du travail de ces groupes constituants est opérée de façon spontanée (auto-organisée), via des flux d'information croisés :
flux verticaux : comparaisons entre rapports d'une même phase, mais de domaines différents :
tout groupe peut consulter les deux rapports (amont vers sa gauche et aval vers sa droite) de chacun des 199 autres groupes de sa phase, ce qui lui permet d'évaluer son propre travail, par comparaisons en termes (i) quantitatifs (points omis, ou au contraire empiétements sur le domaine d'autres groupes) et (ii) qualitatifs (idées pour des améliorations).
flux horizontaux : validations des rapports avals par les rapports amonts, dans un domaine déterminé :
le rapport aval d'un groupe doit être validé (c-à-d considéré comme utilisable et complet) par le groupe de la phase suivante, dont il constitue le cahier des charges ; la validation est rarement intégrale et dans ce cas des commentaires sont publiés dans le rapport amont ; ces commentaires entraînent des corrections dans le rapport aval correspondant (màj).
Chaque cellule de la zone droite du tableur comprendrait donc trois informations :
- numéro groupe ≡ lien vers site web
- date rapport aval ≡ lien vers ce rapport
- date rapport amont ≡ lien vers ce rapport
Toute mise à jour des rapports est en outre annoncée par chaque groupe sur son info-lettre.
N.B. : nul besoin d'un chef de projet ni de "coordinateur" ! En outre, nul besoin d'attendre que tous les groupes soient constitués : le premier groupe créé, quel qu'il soit, pourra commencer à travailler en établissant (i) un rapport d'existant décrivant la situation actuelle correspondant aux domaines et à la phase de son groupe, et (ii) une ébauche de rapport aval.
Enfin selon nos estimations, l'application de la présente méthodologie permettrait de réaliser en cinq à dix ans le système de DD dont les principes de base sont définis dans l'article /definition.
La synthèse en vidéo (9m41s - 2019)
Dans les sections suivantes nous allons développer les principes que nous venons de résumer.
La présente section concerne la partie gauche (entête verte) du tableur introduit en première section : les domaines du système.
Comme expliqué dans l'article /definition on veut développer et installer un système référendaire et un (subordonné) système de délégation (à des humains ou à des systèmes d'IA), pour les trois types de pouvoirs constitutionnels (législatif, exécutif, judiciaire) et cela aux niveaux communal, national et international.
Ajoutons ici que tout acte du pouvoir – quel que soit son type (législatif, exécutif, judiciaire) ou niveau (communal, national, international) – doit être géré comme un projet en soi, de sorte qu'il peut être décomposé en (au moins) quatre phases de gouvernance : préparation ⇒ décision ⇒ exécution ⇒ contrôle. La phase de contrôle a pour fonction (i) de vérifier que l'exécution est conforme à la décision ("vérification") ; et (ii) en cas de non conformité, d'initier une boucle rétroactive vers la phase de préparation afin d'implémenter des mesures correctrices ("correction").
N.B. Ne pas confondre les quatre phases de gouvernance, qui concernent la colonne D dans la partie gauche du tableur (domaines du système), avec les phases de projet, qui concernent toutes les colonnes de la partie droite du tableur.
Enfin on envisage deux types d'implémentation : (i) sans vote électronique ni délégation à des systèmes d'intelligence artificielle (implémentation "blanche") ; (ii) avec vote par Internet et délégation IA (implémentation "noire").
Le tableau suivant synthétise l'ensemble de ces objectifs, qui correspondent aux colonnes de gauche du tableur introduit en première section.
Groupes de domaines | Domaines | Colonne tableur |
---|---|---|
Niveaux de pouvoir | Communal / National / International | A |
Types de pouvoir | Législatif / Exécutif / Judiciaire | B |
Modules | Référendums / Délégation-humains / Délégation-IA | C |
Phases de gouvernance | Préparation / Décision / Exécution / Contrôle | D |
Implémentations | Blanche / Noire | E |
En multipliant les éléments du tableau ci-dessus ont obtient théoriquement 3 * 3 * 3 * 4 * 2 = 216 lignes (= domaines) dans le tableur ci-dessous. Il faut cependant apporter une correction : supprimer les occurrences combinant "Délégation-IA" avec "Blanche", qui n'ont aucun sens puisque par définition l'implémentation "blanche" n'utilise pas de technologies complexes. Dès lors le calcul devient (3 * 3 * 2 * 4 * 1) + (3 * 3 * 3 * 4 * 1) = 180 lignes. Enfin nous verrons plus loin qu'à ces 180 lignes, on en ajoute 20, qui représentent les groupes standards (cf. infra #groupes), ce qui donne un total de 200 lignes.
Les coopératives publiques locales (c-à-d de moins de 150 employés, ceux-ci résidant dans la même localité) sont véritablement l'expression locale de la DD. Elles constituent des lieux idéaux pour concevoir et développer des systèmes de démocratie blanche. Le tableau suivante présente une sélection des groupes constituants pouvant être amenés à concevoir et développer des méthodes de démocratie blanche dans les coopératives publiques :
Un élément important de la dynamique de la méthode ICAO est que, dans la phase de conception en parallèle des deux options blanche et noire, celles-ci se nourrissent mutuellement. Par exemple, la délibération, qui précède toute votation (blanche ou noire), est facilitée par le développement des technologies du web : web-forums (avec ou sans eID), visio-conférences, accès aux informations et base de données, ...
En Estonie, lors des élections, les citoyens ont la liberté de choisir entre deux systèmes de vote : traditionnel ("blanc") ou via Internet ("noir"). Malheureusement, dans ce pays, il n'y a pas encore de dynamique d'évolution vers la DD, que ce soit dans le système de vote blanc comme noir ...
La présente section concerne les colonnes de droite (entête rouge) du tableur introduit en première section : les phases de projet.
1. Cinq phases de développementCommençons par décrire les cinq phases de développement du projet : définition ⇒ conception ⇒ implémentation ⇒ installation ⇒ test. Nous aborderons ensuite leur dynamique itérative, fondée sur les boucles rétroactives de validation des rapports avals par les rapports amonts.
Phase I : Définition : Le « quoi » : définition exhaustive et détaillée (sous forme textuelle) des fonctionnalités souhaitées du système.
Phase II : Conception : Le « comment » en termes fonctionnels : description exhaustive et détaillée (sous forme textuelle) des procédures et conditions opérationnelles des fonctionnalités déterminées en phase I.
NB : en principe ces deux premières phases devraient être réalisées en faisant abstraction des modes d'implémentation physique (notamment, avec ou sans vote par Internet), qui seront traités lors de la phase suivante.
Phase III : Implémentation : Le « comment » en termes logiques puis physiques :
traduction des procédures et conditions opérationnelles énoncées à la phase 2, en schémas logiques, des transferts, traitements et stockages des données ;
sur base du schéma logique, description détaillée et exhaustive de l'implémentation physique du système (type de matériel requis, le fond et la forme des interfaces, ...), et cela – dans le cadre du présent projet – pour deux options d'implémentation :
Phase IV : Installation : Installation physique des implémentations blanche ou/et noire.
Phase V : Test : Mise à l'épreuve des implémentations blanche et noire en situation réelle. Cette confrontation avec un échantillon représentatif des utilisateurs a généralement pour effet de provoquer un nouveau cycle – pouvant remonter jusqu'à la phase I – afin de résoudre des problèmes apparus seulement lors de cette phase "finale" (NB : plus les phases préalables auront été bâclées, plus nombreux seront les dysfonctionnements qui apparaîtront lors du test).
Les cinq phases de développement constituent un cycle. Pour obtenir un système de DD opérationnel plusieurs cycles seront nécessaires. En effet, au cours des premiers on va constater des fonctionnalités déficientes, des modules incomplets, d'autres manquants, etc. Ces déficiences et imperfections doivent être identifiées de façon exhaustive, puis corrigées.
Pour ce faire, la procédure est la suivante. Chaque groupe constituant (hexagones du diagramme infra) publie en permanence sur son site web un rapport aval, qui est un cahier des charges destiné au groupe de la phase suivante (cellule à droite dans partie rouge du tableur), dans son domaine (ligne correspondante dans partie verte du tableur).
Le groupe destinataire (par exemple, dans le diagramme infra, un groupe de phase "Conception") va alors séparer en deux parties le rapport aval publié (flèche 1) par le groupe de la phase précédente (groupe de phase "Définition") :
Toute publication/màj de rapport doit être accompagnée des mesures suivantes :
Chaque cellule de la partie droite du tableur (entête rouge) comprendrait donc trois informations :
Rapport d'existant. La première action de tout groupe constituant consiste à identifier et décrire les points négatifs et positifs du système existant, que ce soit au niveau de son domaine du système (une ligne de la partie gauche du tableur) ou de sa phase du projet (une colonne de la partie droite du tableur). Chacun des 1.000 groupes constituants peut donc commencer son activité même si aucun rapport n'a encore été publié par d'autres groupes ! L'étape suivante consiste alors à publier une ébauche de rapport aval.
Le tableau suivant synthétise l'ensemble des objectifs définis dans les deux sections précédentes. Les lignes vertes correspondent à la partie gauche de notre tableur (domaines du système), et la ligne rouge à la partie droite (phases du projet).
Niveaux de pouvoir | Communal / National / International |
---|---|
Types de pouvoir | Législatif / Exécutif / Judiciaire |
Modules | Référendums / Délégation-humains / Délégation-IA |
Phases de gouvernance | Préparation / Décision / Exécution / Contrôle |
Implémentations | Blanche / Noire |
Phases du projet | Définition / Conception / Implémentation / Installation / Test |
Ce tableau synthétique est le noyau conceptuel du projet. Mais il n'est aussi que le "squelette", réduit à sa plus simple expression, du système de démocratie directe que l'on souhaite construire. Le principal – l'affinement du squelette puis l'ajout des tendons, des muscles, des organes (etc) de cette structure – reste à réaliser. Et cela est précisément le rôle des groupes constituants (qui sont en pratique des groupes de conception & développement). L'ampleur de la tâche est donc considérable, et d'autant plus s'il s'agit de faire table rase, et de repenser complètement notre démocratie (si peu) "représentative".
Dans la section #exemple infra nous développerons une illustration de la quantité & qualité du travail à réaliser.
Pour ce faire, il importe donc d'appliquer, avec rigueur et souplesse, une méthodologie adaptée à nos besoins. À partir des éléments développés dans les sections précédentes, nous sommes maintenant en mesure de structurer notre projet en :
On obtient alors 200 x 5 = 1.000 groupes constituants, chacun d'entre eux étant la combinaison d'un "sous-projet horizontal" (un des 200 domaines du système) et d'un "sous-projet vertical" (une des 5 phases de projet).
Les groupes spécifiques correspondent aux 180 premières lignes du tableur, dont le nombre est déterminé par les colonnes de sa partie gauche (cf. supra #domaines-du-systeme). On obtient le nombre de groupes constituants spécifiques en multipliant le nombre de lignes du tableur par le nombre de colonne dans sa partie droite (phase du projet), ce qui donne 180*5=900.
# options | ||
---|---|---|
Niveaux de pouvoir | Communal / National / International | 3 |
Types de pouvoir | Législatif / Exécutif / Judiciaire | 3 |
Modules | Référendums / Délégation-humains / Délégation-IA | 3 |
Phases de gouvernance | Préparation / Décision / Exécution / Contrôle | 4 |
Implémentations | Blanche / Noire | 2 |
Phases du projet | Définition / Conception / Implémentation / Installation / Test | 5 |
Mais ce n'est pas tout. Il nous paraît utile d'ajouter des domaines correspondant à des systèmes standards, faisant abstraction du niveau et type de pouvoir (colonnes A et B du tableur). Il s'agit d'un tronc commun proposant des modules standards que les groupes spécifiques pourront :
# options | ||
---|---|---|
Niveaux de pouvoir | Communal / National / International + standard | 3+1 |
Types de pouvoir | Législatif / Exécutif / Judiciaire + standard | 3+1 |
Modules | Référendums / Délégation-humains / Délégation-IA | 3 |
Phases de gouvernance | Préparation / Décision / Exécution / Contrôle | 4 |
Implémentations | Blanche / Noire | 2 |
Phases du projet | Définition / Conception / Implémentation / Installation / Test | 5 |
Ces domaines standards sont donc au nombre de (1 * 1 * 2 * 4 * 1 ) + (1 * 1 * 3 * 4 * 1 ) = 20. On obtient alors le nombre de groupes constituants standards en multipliant par le nombre de phases de projet : 20 * 5 = 100.
Enfin le nombre de lignes du tableur s'obtient en additionnant les domaines spécifiques et standards.
domaines spécifiques | (3 * 3 * 2 * 4 * 1 ) + (3 * 3 * 3 * 4 * 1 ) = 180 |
domaines standards | (1 * 1 * 2 * 4 * 1 ) + (1 * 1 * 3 * 4 * 1 ) = 20 |
total lignes | 200 |
---|
Ce qui fait un total de 200*5=1.000 groupes constituants. Pour assurer leur bonne collaboration viennent s'ajouter trois groupes d'accompagnement.
Enfin on ajoute trois groupes pour l'accompagnement des 1003 autres : Gestion, Logistique, Méthodologie. Leur rôle est de faciliter (i) les flux d'informations croisés ; (ii) le processus décisionnel au niveau de l'ensemble du projet ; (ii) l'évolution du projet.
Le groupe Gestion (numéro 1001) a pour fonction de faciliter la coordination des activités communes aux groupes : organisation de réunions inter-groupes, d'éventuelles votations (référendums, élections) internes au projet, ...
Le groupe Logistique (numéro 1002) a pour fonction de fournir un support logistique à la collaboration des groupes constituants et à l'intégration de leurs productions. Il peut s'agir par exemple de mettre à disposition de l'ensemble des groupes un système de base de données, un système de votation, un système d'élection par tirage au sort, ...
La dynamique du projet consiste, à partir des 1.000 sous-projets que se répartissent les 1.000 groupes constituants, partiellement complémentaires et redondants, d'aboutir progressivement à un système optimal fondé sur un tronc commun aussi large que possible, représentant le meilleur arbitrage entre standardisation et adéquation aux besoins spécifiques d'un système de DD.
Pour ce faire la dynamique d'intégration spontanée du travail des 1.000 groupes constituants repose sur trois effets auto-organisateurs :
Le découpage "vertical" en 200 domaines ne permet pas seulement de partager la charge de travail (quantitatif) et de spécialiser celui-ci (qualitatif), mais aussi :
Il faudra donc également veiller à ce que des groupes ne soient pas pris en charge par les mêmes personnes. Il n'est pas interdit de participer à plusieurs groupes, mais il convient d'éviter que ceux-ci soient majoritairement composés des mêmes individus.
Comprenons bien que la redondance partielle nourrit les flux d'information verticaux : ceux-ci ne font sens que si la redondance n'est ni totale ni nulle.
D'autre part, la redondance partielle entre groupes constituants devrait logiquement se réduire au fur et à mesure que sera opérée l'intégration verticale des domaines. Grâce au tableur, des groupes de domaines différents vont collaborer étroitement (flux d'informations verticaux), et cette collaboration sera facilitée par l'action des groupes d'accompagnement (cf. supra #groupes-accompagnement).
On pourrait même envisager que des groupes ou des domaines disparaissent ou fusionnent. Mais selon nous ce n'est pas une bonne idée : il importe que toute opportunité/potentialité demeure visible, même si "dormante". N'oublions pas que les groupes constituants sont une organisation permanente de la DD.
Dans la feuille "Sélection" du tableur une sélection a été opérée en déroulant les menus d’entête (ligne 2) des colonnes C à E (NB : la flèche de leur entête est maintenant blanche sur fond bleu et avec un petit carré dans le coin du bas à droite, contrairement à celles des entêtes des colonnes A et B, demeurant noires sur fond gris et sans petit carré).
Cette sélection permet à n’importe quel groupe constituant de facilement entrer en contact avec des groupes également actifs dans le domaine « Référendum-Décision-AvecVoteInternet », mais qui traitent d’autres échelles de pouvoir (colonne A), et/ou d’autres pouvoirs constitutionnels (colonne B). En lisant le rapport de ces groupes ont peut trouver des idées nouvelles ou des solutions à des problèmes. Pour aller sur le site d’un groupe (pour consulter son rapport ou entrer en contact) il suffit de cliquer sur son numéro d’identification.
Dans la section supra #phases-de-projet, nous avions développé en détail le mécanisme de validation itérative du rapport aval de chaque groupe constituant par le groupe en aval dans la séquence des cinq phases de projet (partie droite du tableur). Rappelons le schéma chronologique :
Boucles de rétroaction. Le schéma ci-dessus est composé de boucles de rétroaction, qui constituent un principe fondamental de l'auto-organisation et de l'autorégulation, aussi bien pour les systèmes physiques, chimiques et biologiques que dans de nombreuses technologies.
Je pense qu'au moins deux à trois méta-cycles (flèche hachurée) seront nécessaires, de sorte que la réalisation du projet nécessitera plusieurs années. Si la présente méthodologie est appliquée par au moins une dizaine de personnes par groupe constituant, c-à-d 10.000 personnes, travaillant à une moyenne d'au moins cinq heures par semaine (NB : on suppose ici 100 % de volontariat, réalisé en plus des activités habituelles ...), le système de DD pourrait être réalisé en une dizaine d'années. Cette durée pourrait être divisée par deux si l'État s'implique dans la réalisation du projet, notamment en en faisant la publicité et en apportant des ressources.
La dynamique auto-organisatrice est liée à la redondance partielle des informations et à la combinaison des flux croisés via lesquels celles-ci sont échangées, comparées et corrigées.
Viralité. Il s'agit donc d'un processus viral : plus il y aura de groupes --> plus y aura de rapports --> plus il y aura de flux d'information croisés --> plus on convergera rapidement (et naturellement) vers un système optimal, c-à-d alliant au mieux standardisation et adéquation. Des synergies et fusions seront opérées, des options seront peut-être abandonnées ou fusionnées avec d'autres (par exemple implémentations blanche et noire). Il est important qu'au début aucune voie ne soit exclue.
En outre, cette dynamique peut être initiée par seulement quelques individus travaillant en groupe ou isolément, sur une partie même très petite du projet, et avec la garantie que le travail réalisé pourra ultérieurement être connecté avec d'autres et intégré au sein de la structure.
Rapport d'existant. La première action de tout groupe constituant consiste à identifier et décrire les points négatifs et positifs du système existant, que ce soit au niveau de son domaine du système (une ligne de la partie gauche du tableur) ou de sa phase du projet (une colonne de la partie droite du tableur). Chacun des 1.000 groupes constituants peut donc commencer son activité même si aucun rapport n'a encore été publié par d'autres groupes ! L'étape suivante consiste alors à publier une ébauche de rapport aval.
Cette section développe un exemple – parmi beaucoup d'autres – illustrant la quantité & qualité du travail à réaliser, ainsi que la dynamique dans laquelle il sera réalisé.
Cet exemple concerne le troisième des trois principes de base énoncés dans notre article de définition du système de DD : la délégation de certains pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, et notamment :
dans d'autres cas, à des systèmes (ouverts) d'intelligence artificielle, dans le cadre de contrats intelligents.
Il va falloir déterminer quels pouvoirs sont délégués à des humains, et quels sont les autres qui sont délégués à l'IA ; dans chaque cas : à quelles conditions et de quelle manière ? ; ...
Les réponses qui seront données à ces questions pourront varier selon les domaines, voire même entre groupes d'un même domaine mais de phases différentes. Quels problèmes posent ces divergences, et comment pouvons-nous les solutionner ?
Il fait peu de doute que (i) le premier cycle de développement (la ligne hachurée dans le diagramme des phases) fera apparaître les problèmes ; (ii) que les flux d'informations verticaux faciliteront l'émergence de solutions ; et (iii) que le cycle suivant permettra de les implémenter.
Des choix devront être faits à court terme, qui devront pouvoir être modifiés à plus long terme. Ces choix seront opérés par votations dans les groupes concernés, mais aussi au niveau de l'ensemble des groupes.
Etc.
Au début, les groupes seront de petites tailles de sorte qu'ils fonctionneront de façon très informelle, sans que cela pose problème. Mais au delà d'une certaines taille il pourrait s'avérer utile que chaque groupe définisse (et applique ...) une "Constitution du groupe".
Voici quelques possibles éléments d'une telle Constitution :
Prises de décisions. Les décisions sont prises par votation (référendum). Pour être acceptée une proposition de décision doit recueillir le suffrage de 75% des membres.
Droit d'initiative et de vote. Seuls les membres du groupe ont droit de proposer un votation et de voter.
(*) On ne pourra jamais s'en protéger totalement mais il importe de minimiser leur nombre.
Liste des membres. Le fichier des membres, est accessible en écriture à tous les membres (avec enregistrement des écritures) sur le site web du groupe. Chaque entrée comprend :
Fonctions de gestion. Dans chaque groupe, des participants peuvent être tirés au sort pour assumer une fonction de gestion (secrétaire, comptable, représentant du groupe à des réunions inter-groupes, ...). Le tirage au sort – renouvelé tous les trois mois – est réalisé sur base d'une liste de membres candidats. Pour certaines de ces fonctions, le groupe pourrait déterminer des conditions de compétence que tout candidat devrait remplir pour pouvoir présenter sa candidature.
Chacun des 1003 groupes de travail publie sa Constitution sur son site web, de sorte que chaque groupe pourrait la faire évoluer en observant celle des autres. Avec le temps, l'ensemble des Constitutions devraient se ressembler de plus en plus.
En outre, le groupe Gestion pourrait identifier les éléments communs à ces Constitutions et les synthétiser en une Constitution globale, qui serait celle de la DD (dans la même logique, un fichier global des membres serait hébergé par le groupe Logistique ou préférablement dans une chaîne de blocs : cf. /reseau-decentralise#chaine-de-blocs).
Méthodologie intra-groupe
La quantité et la qualité du travail réalisé par chaque groupe sera fonction de sa capacité à travailler avec méthode. Voici une méthodologie ayant pour objet d'optimaliser l'efficience de tout processus de décision. Elle devrait donc être appliquée chaque fois qu'il faut prendre une décision, même la plus petite, individuellement ou collectivement, et dans quelque domaine que ce soit. [Source : Kepner-Tregoe].
Les participants communiquent essentiellement via Internet (mail, forum, vidéo-conférences, ...).
Il est cependant recommandé d'organiser régulièrement et à date fixe des réunions physiques entre membres. Par exemple :
Chaque membre d'un groupe participe donc à 4+2+1=7 réunions physique par an.
Le lieu des réunions pourrait changer à chaque fois et se répartir sur l'ensemble du territoire national. Les deux groupes Gestion et Logistique réalisent :
(*) On suppose que chaque groupe compte en moyenne dix personnes.
L'organisation des réunions de domaine et de phase impliquent donc une charge de travail considérable, qui n'est possible que si les deux groupes Gestion et Logistique disposent des ressources (notamment humaines) suffisantes. C'est notamment ici que l'État peut apporter une aide, qui accélérerait la conception et le développement du système de DD.
En l'absence d'implication de l'appareil d'État, la force de travail disponible pour le projet est composée de quatre statuts (tous bénévoles) : salariés/indépendants, chômeurs, étudiants, retraités. Si l'on suppose que ces statuts représentent respectivement 10%, 40%, 20% et 30% de la force de travail du projet, et que le nombre moyen d'heures/semaine investies dans le projet par chaque participant est respectivement de 3, 20, 6 et 10 heures/semaine, on obtient en moyenne 0,1*3+0,4*20+0,2*6+0,3*10=12,5 heures/semaine par participant. Cela représente 12,5*4*10=500 heures/an par participant (*).
(*) Années de 10 mois afin de réserver deux mois pour la prise en compte des périodes de maladie et de vacances (oublier le projet chaque année pendant quelques semaines est nécessaire afin de maintenir une productivité élevée sur toute la durée du projet, qui durera plusieurs années).
Tableur compta.ods
Notre méthodologie vise à coordonner le travail d'un maximum de 1.003 groupes constituants. En comptant sur une moyenne de dix participants par groupe on obtient 10.030 personnes (probablement moins car certaines participeront à plusieurs groupes). On obtient alors environ 500*10*1003≈cinq millions d'heures de travail par an, ce qui correspond à 5*106/1607≈3.100 travailleurs à temps plein.
Le présent projet aura donc aussi pour effet de montrer que – avec l'aide de méthodes et technologies modernes – il est possible d'organiser la collaboration efficace de milliers de personnes. Ce n'est d'ailleurs pas une première : de nombreuses entreprises sont composées de plusieurs milliers voire dizaines de milliers d'employés. Ce qui est réellement innovateur c'est que cette collaboration soit organisée sans leader ni coordinateur, en exploitant le phénomène d'intelligence collective.
Tous(tes) les candidat(e)s francophones sont les bienvenu(e)s, quelle que soit leur nationalité. Sont particulièrement recherchés les profils suivants :
non-spécialistes : Il importe aussi que participent à ce projet des personnes n'ayant aucune des compétences ci-dessus. Les spécialistes, étant souvent " le nez dans le guidon ", ont parfois tendance à perdre de vue l'essentiel, ou à s'égarer dans une complexité inutile, voire nuisible. C'est pourquoi le bon sens pratique de "Mr et Mme Toutlemonde" est absolument nécessaire. Il y a aussi le fait que les spécialistes sont généralement très liés aux institutions et au pouvoir qui les contrôle, ce qui limite leur objectivité ...
Étant de nature virale, le rythme de création de groupes sera très lent au début, mais pourrait croître de façon exponentielle. Si l'on fait l'hypothèse que la création d'un groupe entraîne celle de trois nouveaux groupes dans les douze mois, il faudra alors entre 5 et 6 ans pour que les 1.003 groupes soient créés.
Viralité de la création de groupes
Comme calculé dans la section précédente, nous disposerions alors d'une force de travail équivalente à environ 3.100 personnes à temps plein. Dans ces conditions notre estimation de réalisation en trois cycles de phases de projet sur une période d'une dizaine d'années semble réaliste. J'estime que si l'État s'implique après la troisième année, cette période pourrait être réduite à six ou sept ans.
Y a pas le feu. Le coût des phases I à III (Définition, Conception, Implémentation) est très faible puisqu'elles ne requièrent pas d'autre matériel que les ordinateurs des participants, lesquels sont en outre tous bénévoles. Quant à la question du financement des deux dernière phases (installation et test) elle ne pourra être résolue que lorsque la phase III aura livré son plan d'implémentation.
Financement interne/externe. Si nécessaire les participants (c-à-d les membres de groupes) pourraient décider de constituer un financement interne par virement permanent de (par exemple) 10 euros/an par participant. Les participants pourraient en outre décider de compléter ce financement interne par un financement externe ne pouvant dépasser (par exemple) 100 euros/an par sponsor (le principe étant ici que chaque sponsor ne peut représenter une pondération financière supérieure à dix participants). Si l'on applique le principe que chaque participant apporte un sponsor et que la contribution moyenne par sponsor est de 50 euros/an, on obtient alors un budget annuel total de (10+100/2)*10030≈600.000 euros/an [tableur compta.ods > feuille "Financement"].
Je pense que neutraliser le risque qu'une minorité de membres/sponsors privés fortunés exercent des pressions financières sur la conduite du projet est nettement plus important que fixer la contribution des membres et sponsor en fonction de leur niveau de revenu. Ces deux options étant antagonistes, un choix doit être fait.
Financement distributif. Un voie complémentaire est la monnaie directe, fondement du financement distributif de l'allocation universelle (l'AU serait financée à 20% par financement distributif et 80% par financement redistributif : approfondir). Ce financement, étant permanent, correspond à la nature permanente des groupes constituants.
Comptabilité. Il importe de tenir sur toute la durée du projet – et dès le début – une comptabilisation des frais de fonctionnement et du temps de travail réalisé par l'ensemble des participants (*), ceci afin de pouvoir procéder à tout instant à une analyse financière statique, dynamique et prévisionnelle du projet. Dès que le projet sera commencé, un état comptable trimestriel devra être publié sur le site ouaib du groupe "Gestion".
(*) Les participants pourraient ajouter la règle suivante à leur "Constitution" : « Chaque participant est invité à transmettre mensuellement au comptable le nombre d'heures qu'il a consacrées au projet ».
Participation de l'État. Pour ce qui concerne le dernier stade du projet – l'installation finale du système de DD – la participation de l'État est probablement indispensable ...
Pour s'inscrire dans un groupe constituant, contactez-le via son site web, dont l'adresse s'obtient en cliquant sur le numéro du groupe dans le tableur groupe.ods.
À terme, le tableur sera hébergé par le groupe Logistique, et géré par le groupe Gestion (cf. supra #groupes-accompagnement).
Pour créer un groupe constituant, il suffit de créer son site web, et de m'envoyer son URL ⇒ je la placerai sur son numéro dans le tableur (PS : quand quelqu'un aura pris l'initiative de créer le groupe Logistique ou le groupe Gestion, c'est à ce dernier qu'il faudra vous adresser).
N'hésitez donc pas à créer un groupe même si vous êtes tout seul à en prendre l'initiative, car cela suscitera l'inscription de membres.
Pour en savoir plus sur comment participer : /demarrage
Auteur : F. Jortay | Contact : | Suivre : infolettre