Le développement d'une forme ou l'autre d'organisation politique mondiale est inéluctable en raison de la globalisation, ou mondialisation, phénomène économique, culturel et politique, dont l'évolution est largement déterminée par le progrès technologique, notamment en matière de transports et de télécommunications. Cette évolution est millénaire, mais s'accélère.
La globalisation n'est pas sans lien avec l'évolution des écarts de richesse, illustrée par le phénomène jet set.
Dans cette dynamique, l'évolution vers la démocratie directe se traduit logiquement par le développement progressif d'une confédération des États démocratiques, composée d'États dont la Constitution stipulerait que la démocratie directe est le système politique idéal, vers lequel il importe de s'approcher toujours plus.
Actuellement, les relations entre les États sont conditionnées par une caractéristique essentielle de la problématique du droit international : il n'y a pas de gouvernement mondial, qui pourrait contraindre ses États membres. Ainsi les USA et Israël sont connus pour ne respecter que les décisions de l'ONU qui l'arrangent, mais pas les autres.
Ces faits suggèrent trois questionnements :
L'Organisation des Nations unies fut créée en 1945, sous la direction du gouvernement US (président Roosevelt). Le siège de l'ONU est situé à New York. Sa mission officielle est de garantir la paix et la sécurité internationale. La totalité des presque deux cents États de la planète en sont membres. Ses moyens de coercitions sont les sanctions économiques et l'intervention militaire.
Les principaux organes constituant l'ONU sont (i) l'Assemblée générale, (ii) le Conseil de sécurité, (iii) le Conseil économique et social, (iv) la Cour internationale de justice. Ceci est l'ordre de présentation officiel (théorique) tel que défini par la Charte des Nations unies. Mais l'ordre d'importance officieux (effectif) est plutôt : Conseil de sécurité > Cour internationale de justice ≈ Assemblée générale > Conseil économique et social :
le Conseil de sécurité est l'organe principal de l'ONU, son pouvoir exécutif, et comprend cinq pays membres permanents (USA, Chine, URSS, France, Royaume-Uni) – seuls à disposer d'un droit de veto – plus dix pays membres non permanents (tournante de 2 ans) ;
Liste des membres non-permanents actuels. N.B. : le Japon et l'Allemagne n'ont jamais fait partie des membres permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, car ce sont les perdants de la seconde guerre mondiale (PS ; l'ONU a été créée en 1945).
la Cour internationale de justice sert en réalité à façonner le droit international en fonction des intérêts respectifs des 5 membres permanents du Conseil de sécurité : de même qu'au niveau des États, l'indépendance du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir exécutif est très relative voire factice ;
La CIJ ne doit pas être confondue avec la Cour pénale internationale (CPI). La première limite son action juridictionnelle aux seuls États, tandis que la seconde est "mandatée" pour juger des individus ayant commis un génocide, des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou des crimes d'agressions.
l'Assemblée générale fait office de Parlement (pouvoir législatif) et est sous contrôle de Washington qui utilise sa puissance financière, économique et militaire pour forcer la majorité des membres non-permanents à voter selon ses directives (PS : en outre l'Assemblé générale ne se réunit qu'une seule fois par an ...) ;
enfin la fonction du Conseil économique et social est symbolique, ses compétences étant de fait assumées par le Fonds Monétaire International, l'Organisation Mondiale du Commerce, la Banque Mondiale, l'Organisation mondiale de la santé et l'Organisation Internationale du Travail.
Le droit international a ceci de particulier qu'il ne repose pas sur la souveraineté démocratique d'un État supranational. Il en résulte que le droit international se construit de façon atypique, généralement en dehors d'un véritable débat public et démocratique. Ainsi l'ONU constitue moins un cadre juridique qu'une arène médiatique des classes dirigeantes nationales.
Un des principes de base du droit international est illustré par la résolution 2131 (XX) de l'Assemblée générale des Nations Unies, datant de 1965 (donc pendant la période de décolonisation ...), et concernant la souveraineté des États. Voici deux extraits importants de cette résolution, dont l'URSS fut l'initiatrice :
« Aucun État n’a le droit d’intervenir, directement ou indirectement, pour quelque raison que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre État. En conséquence, non seulement l’intervention armée, mais aussi toute autre forme d’ingérence ou toute menace, dirigées contre la personnalité d’un État ou contre ses éléments politiques, économiques et culturels, sont condamnées » .
« Aucun État ne peut appliquer ni encourager l’usage de mesures économiques, politiques ou de toute autre nature pour contraindre un autre État à subordonner l’exercice de ses droits souverains ou pour obtenir de lui des avantages de quelque ordre que ce soit. Tous les États doivent aussi s’abstenir d’organiser, d’aider, de fomenter, de financer, d’encourager ou de tolérer des activités armées subversives ou terroristes destinées à changer par la violence le régime d’un autre État ainsi que d’intervenir dans les luttes intestines d’un autre État » [source - analyse].
Ces principes furent rapidement l'objet d'amendements et modifications sous l'impulsion des USA et de l'Angleterre. Ainsi leur portée est contrecarrée par un article de la Charte des Nations Unies (Chap. I > art. 2 > parag. 7) stipulant que ces principes ne portent en rien atteinte à l'application des mesures de coercition prévues au Chapitre VII.
Les USA utilisent leur puissance économique et militaire pour exercer des pressions sur les pays membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, afin que ceux-ci votent selon la ligne dictée par Washington. Ainsi, l'ONU – créée par l'appareil d'État US alors qu'il constituait une sur-puissance économique et militaire sans équivalent – est l'expression pseudo-juridique de l'impérialisme US, maquillé sous le fard du "droit international".
Malgré cette domination US, la Chine et la Russie participent à l'ONU, probablement en raison du droit de veto dont ils disposent en tant que membres permanents du Conseil de sécurité.
Dans les sections suivantes nous verrons que la puissance US est encore vive en termes absolus, mais qu'elle commence à diminuer en termes relatifs, suite au développement économique de la Chine et de la puissance militaire russe.
Le budget ordinaire de l'ONU est d'environ 3,5 milliards de dollars, et ses premiers contributeurs sont les USA (22%) et le Japon (11%). Quant au budget des opérations militaires (dit "budget des opérations de maintien de la paix" ...), il est d'environ 6,5 milliards de dollars, et ses premiers contributeurs sont les USA (28%) et la Chine (15%) [source].
L'ONU dispose enfin de quelques dizaines d'agences spécialisées dans des domaines autres que le droit international (commerce, finance, santé, ...) : Fonds monétaire international (FMI) ; Organisation mondiale du commerce (OMC) ; Organisation mondiale de la santé (OMS), Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ; ....
Leur mission officielle est de faciliter le fonctionnement de la société globale. Cependant, ces organisations internationales sont intriquées avec de grandes entreprises des secteurs économiques concernés, dont elles sont presque d'officieux lobbies, en raison du va et vient de leurs cadres (cf. revolving doors), et de concomitants conflits d'intérêts (cf. capture réglementaire). D'autre part, ces organisations à vocation supranationale ont intérêt à surestimer les risques de catastrophe dans leur domaine (finance, santé, climat, ...), afin (i) de provoquer des aides financières par les États aux grandes entreprises des secteurs concernés, et (ii) de justifier la subordination des États à leur autorité, au nom de la "sécurité collective". Il en résulte un risque considérable de prophéties autoréalisatrices, de détournement de ressources publiques, et de grave régression démocratique.
Les agences de l'ONU ont leurs propres budgets, non repris dans le budget ordinaire et le budget militaire de l'ONU. Ainsi dans les cinq premiers contributeurs de l'OMS – qui financent plus de la moitié de son budget – on retrouve deux organisations privées (en bleu dans le tableau ci-dessous).
Financement OMS (2022/2023)
USA | 15 % |
Gates Foundation | 13 % |
Allemagne | 10 % |
GAVI Alliance | 8 % |
UE | 7 % |
L'ONU et le "conflit israélo-palestinien".
Le fonctionnement de l'ONU est illustré de façon très éclairante par l'un de ses premiers dossiers majeurs : la résolution 181 des Nations-unies – votée en 1947 (par 33 voix contre 13 avec 10 abstentions) – qui organise le partage du protectorat britannique de Palestine en trois zones : « les États indépendants arabe et juif ainsi que le Régime international particulier prévu pour la Ville de Jérusalem » [source]. Cependant, bien que cette résolution 181 ait été signée par les USA et ses alliés de l'OTAN, ceux-ci n'ont œuvré qu'à la création du seul État d'Israël, et se sont systématiquement opposés à la création de l'État de Palestine.
N.B. Judaïsme" n'est pas synonyme de "sionisme". Le judaïsme est une religion, tandis que le sionisme est une idéologie nationaliste, prônant l'instauration d'un État juif en Palestine, ce qui requiert la soumission, l'expulsion ou l'extermination des Palestiniens. C'est pourquoi de nombreux juifs sont opposés au sionisme (et prônent le sabordage de l'État israélien) [source]. D'autre part, aux USA et en Europe, les suprémacistes chrétiens et les racistes anti-arabes sont généralement de fervents sionistes (cf. sionisme chrétien).
La non reconnaissance de l'État de Palestine a ainsi ouvert la porte au colonialisme sioniste, qui à l'instar de tout colonialisme, conduit nécessairement à l'apartheid ou au génocide. Le colonialisme sioniste a commencé dès la déclaration Balfour de 1917 et a connu une forte intensification en 1948, par l'expulsion d'au moins 750.000 Palestiniens (Nakba) [source1 ; source2].
La colonisation sioniste de 1946 à 2010
Source. Les zonez blanches et vert foncé constituent la "Palestine mandataire", placée en 1922 sous mandat britannique par la SDN (ancêtre de la l'ONU) à l'occasion du démembrement de l'empire ottoman [source].
En adhérant aux Nations unies, Israël s’était engagé à en respecter toutes ses résolutions [source]. Or Israël n'a jamais respecté l'intégralité de ces résolutions [source-1 ; source-2 ; source-3 ]. Par conséquent, l'adhésion d'Israël à l'ONU devrait logiquement être suspendue.
Mais le droit international ne fait pas le poids face aux forces de la géopolitique atlantiste. Ainsi entre 1982 et 2005, les États-Unis ont mis leur veto à 32 résolutions du Conseil de sécurité critiquant Israël, soit plus que l’ensemble des vetos formulés par tous les autres membres du Conseil de sécurité [source].
Dans le graphique suivant, les États qui reconnaissent l'État de Palestine sont en vert, les autres étant les pays anglo-saxons et ceux de l'UE. Cette frappante polarité entre "l'Occident" et le reste du monde (Sud et Orient) suggère que le régime sioniste est perçu comme l'expression d'un impérialisme atlantiste. Soulignons à cet égard l'influence, du sionisme chrétien, très prégnant au sein de la classe dirigeante US, souvent décrite par l'acronyme WASP. On notera à cet égard que les USA et Israël ont en commun le fait d'être le résultat d'un colonialisme (essentiellement européen), et d'avoir évincé les populations indigènes par la violence.
États qui reconnaissent l'État de Palestine
Le sionisme révèle une polarité géopolitique et culturelle du monde [source].
L'État d'Israël est, de facto, une base militaire états-unienne géante (et dotée de missiles nucléaires), située en plein milieu du Moyen-Orient. Cette région est stratégique car elle abrite (i) plus de la moitié des réserves mondiales de pétrole et de gaz, (ii) ainsi que le canal de Panama, passage de communication maritime par lequel transite, entre l'Asie et l'Europe, 12% du commerce mondial. Ainsi, depuis sa création en 1946, l'État d'Israël est le pays qui a le plus bénéficié d’aides des États-Unis. Selon un rapport du Congrès US, sur la période 1946-2023, près de 260 milliards de dollars ont été alloués à Israël, soit une moyenne de 3,4 milliards de dollars par an (PS : la somme réelle est probablement très supérieure). Environ 80 % de cette aide est de nature militaire [source]. Il convient également d'ajouter les très précieux renseignements que les puissants services d'espionnage US peuvent transmettre à Israël (ce qui joua un rôle déterminant dans la victoire écrasante d'Israël à l'issue de la "guerre des six jours" en 1967).
L'armée US dispose même en Israël d'une base non officielle, appelée "site 512", d'où serait opéré le "dôme de fer" qui protège le régime sioniste des attaques par missiles [source].
L'ambassadeur d'Israël aux USA déclarait en 2011 que « Israël est le plus grand porte-avions de l’Amérique, il est insubmersible, il ne transporte aucun soldat américain et il est situé dans une région cruciale pour la sécurité nationale des États-Unis » [source].
Mais selon une thèse alternative, les réseaux de harcèlement et de diffamation à "l'antisémitisme", mis sur pieds par l'appareil d'État sioniste aux USA [source] et en Europe [exemple], lui permettent de littéralement dicter la politique étrangère des USA, en faveur d'Israël, et si nécessaire au détriment des USA [source].
IHRA. La diffamation fondée sur l'amalgame entre antisémitisme et antisionisme repose sur la « définition opérationnelle de l’antisémitisme de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) », une organisation internationale composée presque exclusivement des pays membres de l'OTAN et des pays anglo-saxons [source]. Or cette "définition opérationnelle" est en réalité une définition sioniste de l'antisémitisme.
Ainsi le conflit "israélo-palestinien" est un révélateur de la précarité du droit international, comme de la fragilité du système "représentatif" face aux pressions de puissantes organisations.
Une donné fondamentale de la problématique internationale est la réalité d'un empire atlantiste centré sur les USA. Cette réalité fut clairement exprimée en 2017 par le président du Conseil européen, Donald Tusk, à l'occasion de la venue à Bruxelles du président US Donald Trump pour une réunion de l'OTAN : « J'ai l'intention de convaincre le président des Etats-Unis que l'alliance euro-atlantique signifie que le monde libre coopère pour empêcher un ordre mondial post-occidental » [source]. Il fait peu de doute que le reste de l'humanité, soit plus de 80% de la population mondiale, interprète ce type de discours comme suprémaciste et impérialiste.
Ces propos du président de l'UE adressés à celui des USA illustrent une conception confrontationnelle des relations internationales. Celle-ci repose d'ailleurs sur une écrasante domination en matière de capacités de guerre militaire, économique et informationnelle :
militaire : potentiel de projection militaire de près de trois cent mille soldats US en dehors des USA :
160.000 dans des bases militaires permanentes : 65.000 soldats dans l'UE, 55.000 au Japon et 25.000 en Corée du Sud [source] ;
90.000 répartis sur une douzaine de groupes aéronavals US, chacun composé d'un porte-avions accompagné de quatre à huit autres navires de guerre [source] ;
40.000 dans des opérations (Irak, Syrie, Yémen, Somalie, ...) [source1, source2].
Le budget militaire US représente 730 milliards de dollars par an, soit plus du double de la Chine (260), la Russie (65) et l'Iran (15) réunis ! [source].
économique : une guerre économique (notamment concernant l'énergie et la technologie) est menée de façon permanente à l'encontre des États résistants à l'impérialisme atlantiste : Chine, Russie, Iran, Irak, Liban, Syrie, Venezuela, Cuba,.. [source].
informationnelle : l'opinion publique peut être façonnée via le marché international de l'information, essentiellement composé d'un oligopole de 4 entreprises : AFP (FR), AP (US), Bloomberg (US), Reuters (UK) [source], toutes de pays atlantistes, et à 3/4 anglo-saxones.
Des "guerres humanitaires" sont ainsi menées au nom du "monde libre". Cependant, le tableau ci-dessous suggère que derrière les prétentions "humanitaire", se cachent des intérêts économiques (cf. le concept stratégique de "oil denial policy").
Réserves mondiales de pétrole (%) | |
---|---|
Venezuela | 18 |
Arabie Saoudite | 16 |
Iran | 13 |
Canada | 10 |
Iraq | 9 |
Koweit | 6 |
Emirats | 6 |
Russie | 5 |
Libye | 3 |
USA | 3 |
Total | 89 |
David contre Goliath. Cependant l'OTAN elle-même reconnaît que les conflits en Afghanistan et en Iraq ont montré combien la guerre totale peut s’avérer coûteuse sur les plans humain, économique, social et politique et ce, quel que soit le rapport de force entre les adversaires. Dans un contexte où les technologies évoluent rapidement et où le recours à des techniques asymétriques se généralise, le fait de mener une guerre totale ne donne pas l’assurance de l’emporter sur la puissance adverse, même lorsque les ressources et le poids de celle-ci sont relativement plus modestes. La guerre conventionnelle, devient ainsi guerre hybride. Cette évolution est liée au déclin de la confiance de l’opinion publique dans la crédibilité des institutions étatiques, qui aux États-Unis est passé de 73 % dans les années 1950 à 24 % en 2021 ! [source].
Financement. L'OTAN dispose de budgets et de programmes annuels d'une valeur d'environ 3,3 milliards d'euros, qui soutiennent notamment sa structure de commandement militaire permanente, permettent ses opérations et missions actuelles et fournissent les infrastructures militaires essentielles (y compris les installations de bases aériennes et navales, les communications par satellite, les pipelines de carburant et les installations de commandement). et systèmes de contrôle). Cela représente 0,3 % des dépenses totales de défense alliées [source].
Financement de l'OTAN (top 10, %) | |
---|---|
Allemagne | 16 |
USA | 16 |
Royaume-Uni | 11 |
France | 10 |
Italie | 9 |
Canada | 7 |
Espagne | 6 |
Turquie | 5 |
Pays-Bas | 3 |
Pologne | 3 |
Total | 86 |
Nuisible ? La question se pose de l'utilité voire de la nuisibilité de l'OTAN. Ainsi Gabriel Robin, ambassadeur et représentant permanent de la France auprès de l’OTAN et du Conseil de l’Atlantique nord de 1987 à 1993, déclarait en 2009 : « L’OTAN pollue le paysage international dans toutes les dimensions. (...). Elle complique les rapports avec la Russie, ce qui n’est pas négligeable. Elle complique même le fonctionnement du système international parce que, incapable de signer une convention renonçant au droit d’utiliser la force, l’OTAN ne se conforme pas au droit international. Le non-recours à la force est impossible à l’OTAN car elle est précisément faite pour recourir à la force quand bon lui semble. Elle ne s’en est d’ailleurs pas privée, sans consulter le Conseil de sécurité des Nations unies. Par conséquent, je ne vois pas très bien ce qu’un pays comme la France peut espérer de l’OTAN, une organisation inutile et nuisible, sinon qu’elle disparaisse » [source].
Ingérence électorale des USA ? En 2013, Victoria Nuland, secrétaire d’Etat américaine adjointe chargée de l’Europe et de l’Asie (sic...), déclarait que depuis l'indépendance de 1991, les USA avaient dépensé cinq milliards de dollars pour amener l'Ukraine à « réaliser ses aspirations européennes » [source]. Et l'ingérence du gouvernement US dans les affaires intérieures de l'Ukraine fut confirmé en 2014 par l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre Nuland et l'ambassadeur US en Ukraine, discutant de qui devrait être ou pas dans le futur gouvernement qui sortira de ce que la presse atlantiste a nommé "révolution Euromaïdan", mais dont on peut se demander s'il ne s'agit pas en réalité d'un coup d'État sponsorisé par Washington [source].
Dans cette "réponse aux mythes répandus par la Russie sur l'OTAN" publiée en janvier 2024 par l'OTAN, celle-ci tente de démentir sa réputation de "pompier pyromane". On pourrait résumer ce texte de l'OTAN par "nous œuvrons pour la paix ... en faisant la guerre, préventive ci-nécessaire".
Le cas de la Jamaharya libyenne. Le mythe des "guerres humanitaire" a été réfuté de façon flagrante par la responsabilité des forces armées de l'OTAN dans la destruction de la Jamaharya libyenne en 2011 – alors premier pays africain selon l'indice de développement humain des Nations-unies [source p. 13 et 407] – jetant la population sous le joug d'une économie de l'esclavage (tandis que des ministres belges ont impunément facilité le pillage de fonds souverains de la Jamahiriya gérés à Bruxelles par Euroclear [source] ).
Quoi qu'il en soit, la déclaration supra de Gabriel Robin illustre un fait déterminant de la géopolitique internationale actuelle : l'ONU est impuissante face à l'OTAN. Cependant, le rapport de force est en train de changer, en faveur d'un "monde multipolaire". Dans la section suivante nous allons voir qu'il s'agit plutôt de bipolarité, dans la mesure où cette évolution est essentiellement le résultat du développement économique de la Chine.
Alors que le PIB/hab de la Chine ne représentait que 8 % du niveau allemand en 2000, il en représentait 35 % 23 ans plus tard. Ainsi le graphique suivant montre que si l'évolution relative du PIB/hab de la Chine se poursuit au même rythme que durant la période 2000-2023 (courbe de tendance exponentielle pour tous les pays, ajustement le plus favorable à la Chine), alors on peut calculer que la Chine pourrait rattraper le niveau de vie la France, de l'Allemagne, puis des USA dans respectivement 10 ans (2034), 13 ans (2037) et 16 ans (2040).
PIB par habitant (PPA : dollar international 2017) + tendances exponentielles
Selon le mode de calcul prévisionnel le plus favorable pour la Chine, celle-ci dépasserait le niveau de vie des USA (PIB/hab) dès 2040. Tableur : PIB.ods ; source : FMI.
Mais si l'on regarde non plus le niveau de vie (mesuré par le PIB/hab) mais la puissance économique (mesurée par le seul PIB), alors la Chine dépasse les USA depuis 2017, en raison de la taille de sa population. Dans le tableau suivant, les 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU sont surlignés en deux couleurs : bleu pour les membres de l'OTAN, rouge pour les autres.
Population | # pays | % pop. mond. | # dans top 10 PIB (PPA) |
---|---|---|---|
> 1000 millions | 2 | 35 | 1 (CN), 3 (IN) |
100 à 350 millions | 12 | 27 | 2 (US), 4 (JP), 6 (RU), 7 (ID), 8 (BR) |
50 à 100 millions | 14 | 12 | 5 (DE), 9 (FR), 10 (GB) |
< 50 millions | 167 | 26 | aucun |
202 | 100 |
Lecture de la seconde ligne de données :
COL2 : il y a 12 pays dont la taille est comprise entre 100 et 350 millions d'habitant ;
COL3 : ces douze pays représentent 27 % de la population mondiale ;
COL4 : parmi ces 12 pays, les cinq mentionnés font partie du top10 de tous les pays du monde en terme de PIB ;
Sources :
fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_population
fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_PIB_(PPA)
Le tableau ci-dessus illustre donc les rapports des forces géopolitiques. Il montre notamment que la présence du Royaume-Uni et de la France, parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, à la place de l'Inde (IN), l'Indonésie (ID) et le Brésil (BR), n'est plus justifiée en termes de PIB. Dans le cas de l'Inde elle ne se justifie pas non plus en terme de dépenses militaires [source]. Par conséquent, la composition des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU ne correspondant plus à la réalité géopolitique, ce qui est problématique notamment en raison du droit de veto dont y bénéficient le Royaume-Uni et la France.
On ne s'étonnera donc pas de la création, en 2009, de l'alliance BRICS : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud. Ensuite, en 2023, suite au rétablissement des relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et l'Iran, sous l'impulsion de la Chine, l'alliance s'est élargie à cinq autres pays, tous du Moyen-Orient : Arabie saoudite, Égypte, Éthiopie, Iran, Émirats arabes unis. Le BRICS+ représente ainsi 45 % de la population mondiale (contre 10 % pour le G7), et 37 % du PIB mondial (contre 29 % pour le G7) [source].
BRICS+ | G7 | |
---|---|---|
% pop. mond. | 45 | 10 |
% PIB mond. | 37 | 29 |
À la domination mondiale des USA depuis le début du 20° siècle succède ainsi, un siècle plus tard, un système bipolaire dont les deux pôles sont les USA et la Chine. Ce pourrait n'être là qu'une étape intermédiaire vers un monde multipolaire.
La fin de l'ONU ?
L'ampleur du développement économique de la Chine a pour effet de réduire substantiellement la capacité des USA à exercer des pressions économiques sur les pays membres non permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, afin que ceux-ci votent selon la ligne dictée par Washington. Dans ces conditions, il devient plus difficile pour les USA d'instrumentaliser l'ONU pour maquiller leur politique impérialiste sous le fard du "droit international".
Deux faits illustrent cette évolution :
fin décembre 2023, faute de financement, l'ONU a fermé temporairement son siège européen de Genève. Ainsi il apparaît que l'ONU est en proie à des problèmes de liquidités provoqués notamment par le fait qu'une cinquantaine d'Etats ne sont pas à jour de leurs versements contributifs, dont les Etats-Unis ... [source].
en mai 2024, le porte-parole du président US Joe Biden déclarait « Il y a une raison pour laquelle nous n’avons jamais soutenu la Cour pénale internationale : c’est un affront direct à notre propre souveraineté. Nous ne plaçons aucun organisme international au-dessus de la souveraineté américaine et Israël ne le fait pas non plus » [source].
Des organisations non étatiques ont acquis un pouvoir d'influence politique et économique qui dépasse celui de nombreux États. On peut les classer en trois groupes :
organisations internationales parainnées par l'ONU (cf. supra) ;
fonds d'investissement : Blackrock ; The Vanguard Group ; ...
Les cinq plus grands fonds d'investissement au monde sont tous états-uniens, et gèrent un total de 30.000 milliards de dollars (dont le tiers par le seul Blackrock) soit une dizaine de fois le PIB de la France, ou encore 30 % du PIB mondial ...
clubs de réflexion : Forum économique mondial ; Bilderberg ; ...
Il s'agit de réunions privées (mais sécurisées par l'armée ...) permettant aux décideurs économiques et politiques des pays les plus puissants – dont la Chine, mais essentiellement des pays occidentaux – de nouer des liens informels et de faire le point sur l'évolution du monde. Ce faisant, ces clubs privés constituent une expression de la réalité sociologique de la notion de classe dirigeante (ainsi le CEO de Blackrock est membre du CA du FEM), en l'occurrence mondiale (cf. la jet set, déconnectée de la réalité vécue par le reste c-à-d 99,9 % de la population mondiale).
Le pouvoir d'influence acquis par ces organisations non étatiques n'illustre-t-il pas un recul de la démocratie dans le monde ?
Une fédération est un d'État relativement décentralisé, c-à-d dont les régions qui le composent jouissent d'une autonomie dans une série de domaines. Le passage d'un État classique à un État fédéral peut constituer une étape intermédiaire vers le séparatisme en différents États (cf. Belgique ?).
Exemple : l'Allemagne est une fédération car ses Länder jouissent d'un forte autonomie [source]. Contre-exemple : la France est un État classique, c-à-d centralisé.
Une confédération est un groupe d'États, qui s'organisent sur base volontaire pour rationaliser leurs relations voire pour coopérer dans certains domaines. La confédération n'est donc pas un État, elle ne se substitue pas à ses États membres mais s'y ajoute en se situant hiérarchiquement au même niveau voire en-dessous. Elle peut cependant constituer une étape intermédiaire vers l'union en un État fédéral ou classique (cf. Union européenne ?).
La dénomination de l'État suisse comme "confédération" n'est donc pas pertinente. C'est bien d'une fédération qu'il s'agit.
Quelques différences notables :
dans un État fédéral, le gouvernement central est notamment en charge de la défense nationale, de la monnaie, et des affaires étrangères, alors que dans une confédération, les États membres sont souverains également dans ces domaines ;
dans une confédération, les États membres sont libres de se retirer unilatéralement, ce qui n'est (théoriquement, juridiquement) pas le cas des régions d'un État fédéral.
Les faits évoqués dans les sections précédentes illustrent le basculement d'un ordre mondial dominé par les USA, vers un monde dit "multipolaire". Cependant, le partage de pouvoir entre OTAN (dominé par les USA) et BRICS+ (autour de la Chine), ne résout aucunement la problématique de fond, qui est la domination de classes dirigeantes. Autrement dit, la multipolarité est une étape dans la bonne direction – dans la mesure où elle préserve la diversité culturelle – mais à condition qu'elle se complète par la disparition "évolutionniste" des classes dirigeantes, ces "dinosaures de la politique". Et le point de convergence de ces évolutions, c'est la confédération d'États démocratiques.
Allégorie de l'extinction des classes dirigeantes nationales, suite à l'avènement de la démocratie directe et de la Confédération.
Ainsi le concept de confédération d'États démocratiques est fondé sur trois principes de base :
la Constitution de chaque État membre déclare la démocratie directe comme étant le système politique idéal, vers lequel il convient d'évoluer ;
organisation horizontale préservant la souveraineté des États : la confédération ne se situe pas au-dessus mais au côté voire en-dessous des États ;
principe de "complétude minimale" : la confédération ne s'implique que dans les domaines ayant un aspect international, et le moins possible (principe de "surface et épaisseur minimales").
Le changement de paradigme vers la confédération sera probablement progressif. Il s'agit d'un processus culturel plutôt que révolutionnaire. Il peut être initié notamment :
au niveau collectif, par la sécession de régions des grands États (plus de 100 millions d'habitants) en États de taille inférieure à 100 millions d'habitants. Une condition nécessaire de cet objectif est le droit de sécession.
La caractéristique de toute classe dirigeante nationale est son opposition à la sécession, ... sauf si elle en bénéficie au détriment de la classe dirigeante d'un État limitrophe.
au niveau individuel, en apprenant, en appliquant et en propageant la théorie de la libération proactive.
Le cas de l'Union européenne
Le principe de l'Union européenne n'est pas fondé sur le confédéralisme mais sur le fédéralisme, puisque l'UE vise à remplacer les actuels États européens par un État unique.
Pour comprendre le "pourquoi" et le "comment" de l'UE, il est utile d'en connaître ses promoteurs, qui sont de deux types :
externe : après l'installation de bases militaires US dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest après la seconde guerre mondiale [source], la suite logique consistait en une uniformisation politique sous la forme d'une sorte "d'États-Unis d'Europe" [source]. Le traité de l'Union européenne rend d'ailleurs impossible toute politique militaire indépendante de l'OTAN – l'extension impériale de l'armée US – en stipulant que « la politique de l'Union (...) doit respecter les obligations découlant du traité de l'Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l'OTAN et qu'elle doit être compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre » [source]. Quant au commandant suprême des "forces alliées en Europe" (SACEUR), il est toujours de nationalité US, et est nommé par le président des États‑Unis ... [source].
Le caractère voyou de l'UE est flagrant dans son soutien au régime colonialiste, raciste et génocidaire d'Israël, et dans sa participation à entretenir le révoltant leurre de la "solution à deux États" [source]. On notera que l'UE reconnaît la définition de l'antisémitisme selon l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) [source], une organisation internationale composée presque exclusivement des pays membres de l'OTAN et des pays anglo-saxons [source]. Or cette "définition opérationnelle" est en réalité une définition sioniste de l'antisémitisme, scandaleusement fondée sur l'amalgame entre antisémitisme et antisionisme, afin de diffamer toute critique de l'idéologie colonialiste et raciste qu'est le sionisme.
interne : la European round table, consortium de grandes entreprises privées, a vu dans l'UE – dont elle a très fortement influencé la rédaction du Traité – l'occasion de remplacer les États providences par un unique État sous contrôle des grandes entreprises privées [source1, source2].
Le contrôle par le "big business" explique la très forte propension de l'UE à imposer de coûteuses réglementations aux entreprises privées, ce qui libère des parts de marché pour les grandes entreprises, seules capables de survivre malgré ces coûts (PS : cette thèse est pertinente tant que ces coûts sont inférieurs aux gains générés par l'éviction des nombreuses petites entreprises concurrentes).
Pour les populations, l'UE n'a aucun intérêt, bien au contraire :
au niveau macroéconomique, le principe d'union monétaire est connu pour être moins pertinent qu'un système de monnaies régionales (surtout avec la généralisation de la monnaie électronique). Ainsi les protagonistes de l'UE ont du concédé à l'Allemagne – pour qu'elle accepte de renoncer au DM au profit de l'euro – que les pays ayant une dette publique supérieure à celle de l'Allemagne, c-à-d quasiment tous, seraient contraints d'abaisser le niveau de leur dette publique à celui de l'Allemagne (critères de Maastricht). Ainsi la plupart des pays européens ont du réduire leurs dépenses publiques, dont les investissements en infrastructures, ce qui réduit considérablement le potentiel de développement économique. C'est pourquoi l'UE est la source du déclin industriel des pays européens.
De la non pertinence des unions monétaires (0m43s - 2017)
Lors d'une conférence présentée à l'Académie royale de Belgique en 2017, Mario Telò, professeur de relations internationales et spécialiste de l'Union européenne, expliqua que les organisations régionales comparables à l'UE (notamment l'ASEAN) ont bien compris, au vu de l'expérience européenne, « qu'il ne faut pas se lancer dans une union monétaire ».
au niveau microéconomique, la généralisation de la monnaie électronique supprime les avantages d'une monnaie unique pour le consommateur (cf. les applis de conversion automatique des prix affichés).
au niveau culturel et administratif, l'UE conduit à l'uniformisation culturelle, par la disparition des langues nationales au profit de l'anglais (et des personnes de culture anglo-saxonne ...). À cela s'ajoute la charge de travail liée aux traductions dans chacune des 24 langues de l'UE.
au niveau démocratique, l'UE est clairement une institution anti-démocratique, comme le montrent les deux interventions suivantes :
Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne 2014-2019 (2m13s - 2015)
Francis Delpérée, professeur de droit constitutionnel et parlementaire belge (1m46s - 2016)
Le baron Francis Delpérée explique les contorsions juridiques auxquelles il faut procéder pour tenter de masquer la nature anticonstitutionnelle de l'UE, notamment les modifications de Constitution sans dissolution des Chambres. En très habile politicien européiste Delpérée parle "d'Europe" plutôt que de mentionner l'Union européenne, et cite comme exemple l'octroi du droit de vote aux étrangers. Cette manoeuvre dialectique illustre parfaitement comment des ennemis de la démocratie se font passer pour des démocrates respectables et bien pensants. Ainsi l'exemple cité – le droit de vote aux étrangers – fait taire la plupart des esprits critiques craignant d'être calomniés de xénophobes. Or il importe pourtant de dénoncer le fait qu'une fois légalisées les modifications de Constitution sans dissolution des Chambres, toutes les modifications, c-à-d mêmes celles moins louables que le droit de vote aux étrangers, seront ainsi facilitées.
En conclusion, nous recommandons la sortie unilatérale hors de l'UE, et le renforcement des liens avec l'ensemble des pays de la planète dans le cadre d'une Confédération d'États déclarant la démocratie directe comme l'idéal politique, qu'il convient d'approcher sans fin. Les citoyens qui souhaitent participer individuellement à stimuler cette dynamique sont invités à s'inspirer des suggestions présentées dans /demarrage.
Voir aussi : notre analyse des indicateurs mondiaux (économie, social, environnement, sécurité).
Auteur : F. Jortay | Contact : | Suivre : infolettre